Face aux élections

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Après vingt ans de militantisme au RASSEMBLEMENT DES OPPOSANTS à LA CHASSE et dans divers conseils d’administrations d’associations DE PROTECTION DE LA NATURE, j’ai appris les limites bien étroites de l’action associative.
En 1999, un membre du cabinet de Dominique VOYNET au ministère de l’environnement énonçait, hélas avec justesse, qu’un arrêt du conseil d’Etat contre la chasse pesait moins lourd qu’un rapport de forces politiques.
Tout est politique.
Ce sont les élus qui votent les lois, édictent les règlements, décident des grands travaux inutiles, allouent les subventions, autorisent ou prohibent les mises sur le marché des produits, orientent l’économie, consultent ou excluent des partenaires de la société civile.
Or, tout élu n’aspire qu’à le rester et satisfait les groupements susceptibles de faire ou défaire son élection.
La force de frappe électoral d’un groupe de pression pèse infiniment davantage que la justesse d’une cause, la solidité d’un dossier technique, la gentillesse d’une association bon enfant qui sollicite l’écoute d’un ministre.
Pour un élu, la question sera toujours : « la protection de la nature, la défense animale, l’écologie éthique : combien de divisions électorales ? ».
Le 26 juillet 2000, le parlement adoptait une loi sur la chasse, dite loi VOYNET, que je jugeais trop favorable aux chasseurs.
Elle reconnaissait le droit de non-chasse que j’avais obtenu par arrêt de la cour européenne des droits de l’homme l’année précédente, en assortissant son exercice de contraintes inutiles. Elle édictait un jour sans chasse obligatoire.
Le lobby chasse fulmina contre cette loi d’écologiste.
En mai 2002, suite à l’accident électoral du 21 avril, la droite de l’argent revenue au pouvoir désignait Jean-Pierre RAFFARIN, premier ministre. Il déclara immédiatement que « La chasse était sa priorité ».
Le 30 juillet 2003, Mme BACHELOT, la plus mauvaise ministre de l’écologie que ce pays eut à subir, faisait voter une nouvelle loi chasse supprimant le jour sans chasse et octroyant des garanties et avantages financiers aux fédérations départementales des chasseurs, pendant qu’elle tentait de rallonger les périodes de chasses aux oiseaux et permettait l’emploi de lecques pour tuer des petits oiseaux en LOZÈRE et AVEYRON.
Entre temps, avec Armand FARRACHI et quelques militants, nous avions fondé en mai 2002 la CONVENTION VIE ET NATURE, mouvement dont j’indiquais alors qu’il n’était surtout pas « apolitique » mais supra-politique en ce sens qu’il était le parti de l’arbre, l’animal et l’homme.
Fort de notre expérience sur la faiblesse de l’action purement associative, conscients de la dépendance absolue du sort du vivant aux aléas politiques, j’ai toujours indiqué les conséquences des résultats électoraux sur la cause biocentriste.
Je le fais sans aucune faiblesse, car la lâcheté consisterait à se taire et à ne pas s’exposer aux préjugés, aux inerties, aux fantasmes qui habitent trop de nos contemporains en présence de la vie politique.
Je le fais également sans aucun autre parti pris que celui de la nature.
Objectivement, en totale impartialité, il faut constater présentement qu’en février dernier, des candidats vinrent effectuer la danse du ventre devant l’assemblée générale de la fédération nationale des chasseurs.
Ces mêmes candidats s’agenouillèrent en mars devant le congrès de la FNSEA, à BREST, FNSEA adepte des pesticides, de l’élevage concentrationnaire, du productivisme calamiteux et des subventions publiques à l’agriculture toxique.
Rien d’étonnant à ce que les mêmes candidats se prononcent en faveur de l’aéroport de NOTRE-DAME-DES-LANDES et en faveur de la reprise des chasses présidentielles.
Ces candidats, une fois élus, feront la politique des chasseurs, des pollueurs, des promoteurs, de la finance, des oligarques qui détruisent la vie sur Terre pour faire du profit.
Faudrait-il le dissimuler ?
Faire ceux qui l’ignorent pour ne pas peiner les ignorants ?
Mon devoir est d’alerter ceux qui veulent que cesse le grand massacre.
Les deux candidats du Système, en cette année 2017, sont François FILLON et Emmanuel MACRON dont la différence tient à ce que le premier va encore à la messe alors que le second n’y va plus.
S’il advenait par extraordinaire qu’un ami lecteur égaré « aime » l’un de ces candidats, je dois immédiatement le consoler : les jeux sont faits et, sauf improbable surprise, l’un des deux sera élu, puisque le Système le veut.
La France pèse trop lourd, en Europe et dans le monde, pour qu’elle heurte les intérêts financiers du Système mondialisé.
Bien sûr, en devenant conscient de la manipulation, en comprenant qu’un Système détruit le vivant et a pour logique l’extinction de la nature, on sabote la belle mécanique illusionniste.
Je ne parle pas d’un « complot », laissant cela aux esprits paranoïdes.
C’est beaucoup plus simple.
Ceux qui détiennent l’argent veulent spéculer, construire des aéroports, des autoroutes, des centres commerciaux, des stations de skis ou des ports de plaisance, forer des gaz de schistes, vendre du pesticide et couler du béton. Pour s’assurer des Marchés, ils achètent des journaux, des chaînes de télévisions et financent directement des candidats qui, en retour, doivent autoriser les grands aéroports, les lotissements, les centres de loisirs, les infrastructures juteuses, au besoin sous le prétexte menteur du développement, de la croissance, de l’emploi.
Et voilà pourquoi je vous invite à ne pas être complices du Système, à devenir insoumis, à renverser la table en soutenant le candidat en meilleur posture pour troubler le jeu pervers des serviteurs de la chasse, de l’agrochimie, du BTP et de la finance.
Après les présidentielles viendront les législatives.
Je serai candidat à LIMOGES pour FORCE POUR LE VIVANT avec pour mesures emblématiques l’abolition immédiate de la corrida et de la chasse à courre.
Nos idées, notre éthique ne l’emporteront que le jour où nous constituerons une force de frappe électorale plus puissante que celle des ennemis de la terre.

Gérard CHAROLLOIS