Le temps des morts-vivants

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Celui qui n’éprouve pas le doux bonheur de vivre ne peut pas s’empêcher de détruire, de souiller, de dégrader, de dénigrer, d’abaisser. Il est un mort-vivant, un chasseur, un tortionnaire, un destructeur de vies.
Fuyez les dangereux délinquants relationnels qui méprisent la vie et célèbrent la mort.
Il y a des hommes plutôt biophiles et d’autres plutôt thanatophiles.
Les seconds aiment le sang, la souffrance, l’effroi, la domination, l’exploitation d’autrui.
Leurs interlocuteurs, leurs partenaires en relations sociales comme en amour ou en amitié, ne sont jamais que des objets.
Leurs victimes s’appellent, selon les circonstances et les commodités du jour, enfants, femmes, animaux, ennemis désignés, impies, êtres offerts en expiation de leur sadisme ordinaire et conformiste.
Chaque société possède ses victimes expiatoires à l’encontre desquelles les morts-vivants peuvent exercer leur rancœur de frustrés.
Le mal devient banal, participe du paysage et les gens ordinaires ne le voient même plus.
Oui, la chasse, mort-loisir, révèle cette banalité du mal absolu et nombre de contemporains évoque cette activité avec une lâche complaisance comme si le fait d’ôter la vie, de tuer pour se distraire pouvait ne pas nous inquiéter.
« Silence : on tue » demeure une cruelle permanence, ombre infinie couvrant l’humanité.
Vaincus par les armes, en 1945, les dirigeants nazis furent jugés par les vainqueurs et, pour la plupart, condamnés à mort à NUREMBERG.
Leurs agressions avaient généré des millions de victimes qui auraient été niées, oubliées, si le sort des armes avait été favorable aux fascismes.
En 2003, Bush, président républicain des USA, déclencha une guerre d’agression contre l’Irak, sous des prétextes parfaitement mensongers, tua son président dictateur, rompant ainsi les digues qui retenaient l’obscurantisme et les haines tribales religieuses.
Ce crime contre l’humanité a provoqué, à ce jour, plus d’un million de morts et les affrontements communautaires perdureront encore longtemps dans ces régions où les Lumières n’ont pas encore dissipé les ténèbres identitaires et superstitieuses.
Nul ne jugera le président BUSH, parce qu'on ne juge pas les vainqueurs et que l’Histoire tarde à rendre ses verdicts. Ils viendront, un jour, mais les criminels ne seront plus là pour éprouver l’opprobre que méritent leurs exactions.
En cette année 2017, un vent mauvais souffle sur la planète et les dirigeants politiques s’inscrivent dans le cercle des morts-vivants.
Pour faire de l’argent, les entrepreneurs américains du pétrole, des gaz de schistes, du charbon, se réjouissent de la liberté d’entreprendre que leur promet le milliardaire affairiste, en mission à la tête de l’État fédéral, pour servir les intérêts privés au détriment de l’intérêt général.
Qu’importe, pour ces personnages, le devenir de la nature, du climat, de la santé publique !
Seul compte le profit immédiat et égoïste.
Les Européens contemplent les dérapages farfelus de l’invraisemblable président des États-Unis, tout en suivant la même pente délétère, celle d’un individualisme forcené, stupide, irresponsable.
Qu’y a-t-il de commun entre la chasse, loisir d’arriéré, et le libéralisme économique exacerbé ?
Ceci : ils tuent.
Ne soyons pas leurs complices par une vaine pusillanimité.
Faisons le choix de la vie et faisons-le clairement, courageusement, dans un esprit de Résistance.
Contre la chasse, contre le culte de la liberté d’entreprendre, ne soyons pas des Munichois qui capitulent moralement en pensant, par des reniements, amadouer les morts-vivants.
Je sais, le monde est à la fois complexe et dangereux et ceux qui invitent à la réflexion, à l’analyse, puis à l’action, courent l’immense risque de l’incompréhension.
Mais se taire face aux périls est un risque plus grand encore.

Gérard CHAROLLOIS