Une faute de l’Occident.

Notre civilisation, continuatrice de celles de la Grèce et de Rome, a conquis la planète, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire.
Droits de l’homme, égalité des sexes, émancipation de la femme, liberté individuelle, laïcité et confinement du religieux, (pour ceux qui en ont besoin), dans la sphère privée, démocratie représentative, liberté de la presse, refus des discriminations fondées sur les orientations sexuelles, refus des traitements inhumains et dégradants, ainsi que  des mutilations corporelles, relative séparation des pouvoirs avec indépendance des tribunaux, autant de conquêtes magnifiques, appelant notre gratitude pour les hommes de mieux qui, dans le passé, affrontèrent les forces réactionnaires, contraires à ces acquis qui nous semblent tellement établis que nous en oublions les bienfaits et l’âpreté des luttes qu’exigea leur avènement-.
Cependant, nous ne vivons pas la fin de l’Histoire. Nous ne sommes pas parvenus à l’accession à une société idéale éclairée par le droit, la raison, le respect des êtres.
D’autres Lumières s’imposent, de nouvelles frontières, et d’autres luttes  s’annoncent.
C’est, qu’à la racine de la société occidentale, retentit un criminel impératif divin : « croissez et multipliez. Soyez l’effroi de toutes les créatures remises à votre libre disposition ».
Une séparation définitive fut ainsi dressée entre l’espèce humaine et le reste du vivant, la première étant d’essence divine, les autres formes de vies n’étant-là que pour servir celui qui s’inventa des dieux à son image.
L’homme devint infernal pour l’animal, calamité pour la nature, exploitant, tuant, massacrant, torturant sans vergogne.
Les philosophes des siècles passés, tout occupés à émanciper l’humain des tyrannies théocratiques et monarchiques, oublièrent de penser le rapport à l’animal et à la nature.
Cet oubli s’avéra confortable pour les lobbies économiques et récréationnels tirant leurs intérêts et raisons d’être de la maltraitance et de la chosification des animaux.
Il y eut, dans les deux cents dernières années, d’éclatantes ruptures, des abolitions retentissantes qui, en des jours de triomphe de la civilisation, virent disparaître la question, le bûcher, l’arbitraire monarchique, l’esclavage, le bagne, l’exclusion des femmes du corps électoral, l’ostracisme des homosexuels, la peine de mort.
Aujourd’hui, la nouvelle frontière est biocentriste.
Elle appelle l’abolition de la corrida, de la chasse, de tous les actes de maltraitances des animaux et l’arrêt de la cancérisation de la nature, par les affairistes et promoteurs.
La cause du vivant est le grand défi du temps, le point de friction entre les nouvelles Lumières et l’obscurantisme des tortionnaires, des tueurs, des exploiteurs.
Ce n’est pas un hasard si la question animale et écologique surgit de nos jours.
La pensée, l’éthique, les lois d’une société sont directement tributaires des connaissances.
Or, la paléontologie, la biologie moléculaire, l’éthologie, l’appréhension de l’univers révèlent l’unité première du vivant.
L’espèce humaine appartient à une biosphère dans laquelle chaque espèce possède sa spécificité, son propre.
Dire qu’existe un « propre de l’homme » est aussi évident et vain que dire qu’existe « un propre du cheval, de l’aigle royal et du dauphin ».
Reconnaître les droits du vivant n’enlève rien aux droits de l’homme, bien au contraire.
Ce qui, en Occident, freine l’émergence des droits du vivant sont les facteurs qui précarisent les droits humains.
Ces facteurs régressifs ont pour nom exploitation, concurrence, compétition, accaparement, domination, oppression, violence.
Le biocentrisme vise à construire une société plus douce, plus accueillante à ses membres, dans laquelle il fait bon vivre et surtout où l’acte de tuer, de souiller, de polluer, inspire horreur.
Nos grands devanciers abolirent tant de traditions honteuses qu’ils ne manquent pas de nous  exhorter d’abolir le grand massacre des animaux et de la nature.
Parce que la question animale surgit, enfin, dans le débat des consciences, que les philosophes, les commentateurs, les citoyens s’interrogent sur la faute morale que constitue le grand massacre, il nous faut construire le parti politique porteur de cette rupture de civilisation, une Force Pour le Vivant.
Merci d’en être !
Un jour notre combat apparaîtra évidemment juste à tous et les hommes de demain s’étonneront qu’il ait fallu tant de temps et d’efforts pour faire reconnaître les droits de l’animal et de la nature.

Gérard CHAROLLOIS

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