Le délitement

L’observation de la vie politique montre, d’une part, une implosion des partis, d’autre part, leur difficulté à porter des projets cohérents, définis, clairs et dès lors susceptibles d’éveiller des engagements.

Aucune unité idéologique n’habite les partis, simples fusées porteuses de petites ambitions égotistes, tellement caricaturales que l’opinion s’amuse des manœuvres d’appareils de ces micro-leaders.

Le malaise pourrait laisser indifférent, car l’insignifiance des luttes de personnes ne justifie aucun commentaire, si ce délitement ne traduisait une crise de la démocratie représentative.

Le marketing débilitant commande le jeu des petites phrases que les médias doivent reprendre en boucle et qui tiennent lieu de pensées.

Les effets d’annonces et les pseudo-engagements, pris un jour, démentis par leurs auteurs le lendemain, ne choquent même plus une opinion blasée.

Ainsi, à titre d’exemples, en mars 2008 l’ancien président de la république tint un discours de clôture du Grenelle de l’environnement presque digne d’un écologiste, puis, deux ans plus tard, éructa au salon de l’agriculture que « L’environnement, ça commence à bien faire ».

L’actuel président pouvait, lors du grand débat préélectoral, affirmer qu’il instaurerait la proportionnelle, pour 2017, puis renier cet engagement.

La parole publique est dévalorisée par ces personnages, en quête des apparences du pouvoir et incapables d’assumer un pouvoir qu’ils ont abdiqué.

La finance, les lobbies, le Marché sont les seuls détenteurs du pouvoir et se jouent des élus dont ils font l’élection et qui leur doivent tout.

Cela explique que les pseudo-alternances de majorités, les changements de partis de gouvernement n’entraînent que des fluctuations de style et aucune rupture de la politique de fond.

Pour pallier cette crise de la démocratie, il conviendrait de réconcilier la politique et l’éthique, lutter contre la dictature économique, permettre aux citoyens de recouvrer le pouvoir, présentement confisqué par la techno-finance et surtout d’éliminer les « « éléments de langage » et restituer aux mots leur sens.

D’abord, rendons au vocabulaire une valeur, un crédit.
Un parti socialiste qui n’instaure pas une société socialiste constitue une imposture.

Un parti écologiste qui n’exige pas, dans les six mois d’une législature, l’abolition de la torture tauromachique et de la chasse à courre, est une imposture.

Un parti du patronat, des forces d’argent, de la finance internationale qui se pare du titre de Républicains est une imposture.

Chacun peut, légitimement, nourrir ses convictions, servir des intérêts sociaux et catégoriels, militer pour de bonnes ou mauvaises causes.

Le pluralisme, la diversité, les oppositions participent du jeu sain et loyal de la démocratie.

En revanche, l’imposture déshonore la classe politique.

Il y a imposture quand un socialiste adore l’entreprise privée, quand un écologiste soutient un gouvernement qui tue le loup et n’améliore en rien la condition animale.

Je ne fustige ici aucune opinion, mais j’accuse une classe politique inconsistante de se parer de mots trompeurs.

Exigeons que chacun ait l’élémentaire courage et l'honnêteté d’assumer ce qu’il est.

Elu local, parlementaire ou ministre reniant les promesses de sa dénomination politique, faisant le contraire de l’étiquette brandie pour se faire élire, s’avilissent.

M’adressant à mes amis écologistes, je les invite à ne plus mentir et à faire de l’écologie, c’est-à-dire, le choix du vivant.

Or, en ce pays, rien de substantiel n’a été adopté en faveur de la nature, depuis la loi du 10 juillet 1976, et je m’honore de n’avoir pas été complice des pouvoirs successifs, fautifs de cet immobilisme.

Régénérons l’écologie pour sauver la démocratie, en faisant de la vie publique autre chose qu’un concours de médiocrités.

Proclamons les fondamentaux pour servir une cause et non pour faire une méprisable carrière que ne couronnerait aucune avancée pour le vivant.


Gérard CHAROLLOIS

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