L’écologie politique face à ses échecs.

L’écologie politique constitue la seule idée neuve qu’ait produit le 20ème siècle.

Elle vise, en transposant dans l’ordre moral et juridique les données de la science écologique, à répondre aux nouveaux défis nés de la maîtrise par l’homme de la nature.

Les autres idéologies pâlissent au fur et à mesure que s’éloignent les conditions sociales qui les virent naître.

Le parti dit socialiste ne réalisera pas une société socialiste et a renoncé aux aspirations des fondateurs de cette belle et grande pensée, au 19ème siècle.

Les libéraux ne proposent rien d’autre que de transférer sans cesse les ressources à la caste des oligarques. Leur obsession consiste à ployer le salariat sous le joug du temple « entreprise privée ».

Les uns et les autres ne se disputent les apparences du pouvoir que pour occuper les fauteuils nationaux, acceptant de subir la loi d’un seul maître : le Marché.

L’écologie politique devait être l’issue de secours et le rassemblement de ceux qui, pensant les problèmes du temps, offrent d’agir pour sauver la nature, améliorer le sort des animaux, libérer l’humain de l’obsession de la concurrence et de la compétition avilissantes, privilégier l’être sur l’avoir, mettre la vie au centre des valeurs.

Or, après quelques débuts prometteurs, dans la décennie 1980, l’écologie politique dilapide le capital de sympathie et, corrélativement, devient évanescente électoralement.

Il s’agit-là non pas d’un avis, d’une opinion, d’une amicale critique, mais d’un fait.

En mai 2012, à la dernière présidentielle, la candidate VERTE obtint 2% des suffrages, score que j’avais annoncé, dans mes éditoriaux, dès juin 2011.


La cause de ces échecs est évidente.

Les écologistes politiques ne parlent pas aux citoyens de ce que ceux-ci attendent d’eux.

Eva JOLY, par exemple, candidate choisie par un corps électoral de primaire trop restreint, est une femme de grande qualité, compétente dans la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent des trafics d’influence. Je nourris pour elle la plus grande estime.

Mais, là où l’opinion publique attendait un écologiste, le parti VERT lui proposa une technicienne de valeur contre la délinquance financière.


Quel serait le score d’un candidat du front national qui insulterait le drapeau ?

Combien d’électeurs naguère communistes auraient apporté leurs suffrages à un candidat proposant de privatiser la SNCF et de fermer les charbonnages ?

Comment réagirait la piétaille militante du parti de droite, petits patrons et boutiquiers, si son leader cessait de stigmatiser les salariés, les fonctionnaires et les assistés ?

Que reste-t-il du parti socialiste, après qu’il a déçu les agents publics et les enseignants ?


Pour parler en écologiste scientifique, constatons que chaque parti possède sa « niche écologique ». En la quittant, il renonce à sa raison d’être, perd les élections en ne répondant pas à ce qu’une fraction de l’opinion recherche en lui.


Il est du devoir du Front national d’être nationaliste et populiste, comme doivent être, pour exister, les partis de clientèles sociales opposées : champions des ouvriers, d’une part, des employeurs, d’autre part.

La raison d’être de l’écologie politique tient à la défense de la nature, de la qualité de la vie, du refus d’une croissance quantitative au profit d’un mieux-être, un rapport différent à la vie.

Or, ces sujets essentiels disparaissent des discours des leaders du parti qui n’obtint des élus en 2012 que sous perfusion d’un parti socialiste, alors momentanément vainqueur.

Il s’est même trouvé une députée verte de la VIENNE pour refuser de signer une très symbolique proposition de loi d’abolition de la chasse à courre, portée par son groupe à l’assemblée nationale.

Imaginait-elle qu’un veneur pouvait voter écolo !

Le faisant elle brouille l’image de son parti et rejette, de fait, les 47% de Français qui, selon un sondage SOFRES, souhaitent l’abolition immédiate et totale de toute chasse.

Bien évidemment, un citoyen s’engageant dans la vie publique doit être en mesure d’opiner et d’agir dans des domaines aussi variés que la suppression de la dette publique, le financement de l’Etat, l’organisation des institutions, la lutte contre le communautarisme et le fanatisme religieux, le règlement des grands conflits du monde.

Mais, une formation ne saurait renier ses racines sans s’effondrer.

L’écologie politique continuera à recueillir 2% des suffrages, lors des élections présidentielles, aussi longtemps que le style, les thèmes d’interventions de son candidat ne seront pas en phase avec les aspirations, non pas de l’unanimité d’une société désormais plurielle, mais de la partie de cette société en quête d’une véritable écologie.


On pourrait nous objecter que réaliser 2% ou 8% des suffrages à une élection présidentielle ne change pas grand chose.

Bien sûr, le candidat ne serait pas élu, ne serait-ce qu’en raison du formatage des esprits par une presse dominée par les forces d’argent.

Mais, dans la mesure où aucune ambition personnelle de carrière n’anime le candidat, le score compte plus que son élection.

Quand l’écologie pèse 2%, comment gagner à NOTRE DAME DES LANDES, à SIVENS, à BOYRON et partout ailleurs !

Le Pouvoir a toujours été et demeure un rapport de forces et pour faire gagner le vivant, il faut une écologie politique forte.


Préconisations :


Je propose un sursaut, une affirmation claire de ce que nous sommes pour que les citoyens se reconnaissent dans les valeurs éthiques de l’écologie.

Nous savons trop qu’un ou une candidate de l’appareil, au charisme manifestement en décalage avec les attentes, recueillerait encore 2% des voix, signant pour toute la vaste nébuleuse écologiste, y compris associative, un plombant échec.

Être radical, ce n’est point être extrémiste. C’est retrouver des racines pour mieux faire face et affirmer là où nous allons.

Dans un splendide et stérile isolement ?

Non.

La société étant plurielle, il convient de militer avec toutes les forces politiques contestatrices du système de dévastations.

Mais, dans une alliance avec d’autres partis, l’écologie doit devenir autre chose qu’un vernis VERT sur une politique qui perdure à détruire la nature, à sacrifier le vivant à l’économie mercantile.


D’où la nécessité impérieuse de relever le parti de la vie de l’ornière dans laquelle l’embourbe un jeu puéril de petites ambitions égotistes tellement criantes qu’elles confinent au ridicule.

Oui, ayons une grande ambition.

Non pas celle de faire une subalterne carrière politicienne, mais de porter haut, fort et clair l’idée de : « La vie d’abord » !

« Changer la vie », fut le slogan de l’union de la gauche triomphante de 1981.

Désormais, il s’agit davantage de la sauver, dans sa merveilleuse diversité, que de la changer.


Gérard CHAROLLOIS


Commentaires  
# Angeloni Christine 01-09-2015 11:40
La vie d'abord, c'est tellement juste.
et comme disait Linus Pauling ( double lauréat du prix nobel) l'équilibre est dans la nature.
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