SIVENS et le climat.

Je remercie l’ami lecteur de poser une question relative aux incidences du réchauffement climatique sur l’agriculture confrontée à une sécheresse croissante, générant une demande d’irrigation.

Le département du TARN, sur deniers publics, décida de constituer une réserve d’eau sur un ruisseau, le TESTET, à SIVENS, supprimant une zone naturelle, afin d’alimenter en eau une quarantaine « d’exploitants agricoles ».

Vous connaissez l’affaire, nos amis « zadistes », le meurtre de Rémi FRAISSE, l’absence de tout sursaut de conscience des élus locaux suite à cette mort, les violences policières suivies d’autres violences perpétrées par les nervis d’un syndicat agricole, les tergiversations de la ministre, les avis négatifs des experts sur l’utilité du projet, la persistance des lobbies dans leur volonté de gaspiller les fonds publics au profit d’intérêts très privés qui ne sont pas, comme l’imagineraient quelques naïfs, ceux des quarante « exploitants agricoles ».

En effet, il semblerait que l’ouvrage représente, pour la collectivité, un investissement de l’ordre de deux cent mille Euros par agriculteur concerné.

Voilà de quoi assister un foyer indigent pendant quelques années !

Mais les grands projets intéressent davantage ceux qui les réalisent que ceux auxquels ils sont destinés.


Néanmoins, une constatation s’impose :

Le climat évolue. Ca chauffe.

Il n’y aurait à cela rien de nouveau sur terre. Le climat a constamment fluctué à travers les âges, alternant périodes chaudes et périodes froides.

Ce qui est nouveau réside dans la rapidité du phénomène directement lié à l’activité humaine. On peut parler d’anthropocène dès lors que l’homme devient le principal facteur de transformation du globe en ses éléments chimiques et biologiques.

Concrètement, avec l’ère industrielle, le taux de molécules de gaz carbonique s’élève dans l’atmosphère, ce qui piègeant le rayonnement infra-rouge du sol, réduit le refroidissement nocturne, la restitution à l’espace de l’énergie solaire.

Outre le CO2, d’autres agents chimiques amplifient le phénomène, tel le méthane, CH4, au pouvoir isolant supérieur à celui du gaz carbonique.

Fidèles à leur inconsistance, les hommes politiques dissertent, se congratulent, tiennent réunions, conférences, auditionnent des experts, exhibent des « consciences », se donnent en spectacle, jurent de leur sens des responsabilités pour les générations futures, envisagent des traités, des engagements solennels, puis, en marge de ces claironnantes déclamations de vertu, offrent à VINCI un grand aéroport !

Que la fumée des grands principes, l’éclat des affichages masquent bien des lâchetés !

C’est qu’en sortant des généralités, des postures globalisantes, il faut un peu de courage pour devenir concrets et oser contrarier les sordides intérêts qui perdurent à faire l’inverse de ce qui est proclamé.

Face à tout fait de société, l’humain rencontre deux écueils : soit adopter une attitude de ressentiment, d’aigreur, soit faiblir dans le pontifiant, la connivence qui vous vaudra la sympathie des princes qui gouvernent.

Résistons tant à CHARYBDE qu’à SCYLLA.


Vous lirez, dans les revues scientifiques, qu’une élévation d’un degré de la température moyenne équivaut à un déplacement de 150 KM vers le Sud, dans notre hémisphère.

En prévoyant une augmentation moyenne de trois degrés, d’aucuns pensent qu’à la fin de ce siècle, PARIS AURA LE CLIMAT DE TOULOUSE qui pâtira de celui de BARCELONE, les vins de BORDEAUX mûriront en NORMANDIE et l’ALSACE sera devenue la PROVENCE.

Les océans, enrichis des eaux des glaciers, grignoteront les côtes.

Disons que ces phénomènes ne manqueront pas de se produire avec toutefois des variantes que nos simulations, malgré les plus puissants ordinateurs, ne peuvent pas prévoir.

Le climat dépend certes de la latitude,mais aussi du relief, de la proximité des masses océaniques, des interférences d’un facteur sur un autre.


Est-ce grave ?

Je voudrais formuler une simple observation objective.

Les régions inter-tropicales, avec leurs forêts denses, sont les plus propices à la vie.

La nature y est, plus que partout ailleurs, luxuriante et notre genre Homo, semble être né sous ce climat il y a quelques cinq millions d’années.

En soi, une augmentation de deux ou trois degrés de moyenne ne rendrait pas la planète inhabitable..

Mais, une incidence très négative découle directement de cette altération de l’atmosphère.

Tout d’abord, pour mémoire, mentionnons un facteur potentiellement positif :

Le gaz carbonique favorise la croissance des végétaux qui le captent pour constituer la matière organique. Donc une majoration de 1% des particules de molécules de ce gaz dans l’air pourrait avoir paradoxalement un effet favorable pour la croissance des arbres.


Alors, l’écologie étant à la fois une science et une éthique, que peut-on dire du réchauffement climatique ?

La vie prospère dans les régions les plus chaudes du globe. Le carbone de l’atmosphère, par la fonction clorophyllienne, produit du vivant.

Cependant, la biodiversité va souffrir.

Un paramètre essentiel intervient, paramètre que nos commentateurs superficiels ne relèvent pas suffisamment.

Avec le réchauffement, des régions vont être affectées par un phénomène extrêmement négatif : la sécheresse.

Elle atteint déjà le sud de la France et se traduit, d’une part, par un déficit de pluie en été, d’autre part, par une évapotranspiration accrue des végétaux.

Des zones vont s’aridifier. Nos forêts sont menacées, certaines essences, comme les hêtres, vont disparaître, faute du climat humide dont elles ont besoin.

Car, si la vie, la biodiversité, s’accommodent volontiers d’un climat relativement chaud, la sécheresse tue.

L’eau est indispensable à toute vie.

Le dérèglement climatique va engendrer la progression des déserts et la survenance occasionnelle de phénomènes dits extrêmes.

 

Dès lors, il y a bien un défi climatique qui va se manifester, non pas tant par une élévation des températures, mais par des modifications défavorables au vivant dans nombre de contrées.

Bien évidemment, nos hommes politiques et le lobby agricole sont loin de ces réflexions et analyses, trop complexes pour l’esprit simpliste et pour les effets d’annonces.

Il faut produire, spéculer, faire des profits, affecter l’argent public aux petits copains aménageurs, soutenir la filière du maïs et pour ce faire constituer partout des retenues collinaires, des barrages sur le moindre ruisseau, exploiter la moindre source pour irriguer, c’est-à-dire polluer et artificialiser davantage.

Or, ce n’est point la retenue sur le TESTET qui épargnera au département du TARN des étés de plus en plus chauds et de plus en plus secs, dérive vers un climat méditerranéen.

En climat méditerranéen, l’agriculture doit s’adapter à des productions compatibles.

Et si l’argent promis aux amis constructeurs de barrages servait à permettre une reconversion de l’agriculture locale vers des cultures de régions plus arides ?

Puisque nous sommes entrés dans l’anthropocène, il conviendrait de devenir responsables, de cesser d’anéantir la nature.

Le premier défi de notre temps est la mort de la biodiversité.

En mémoire à Rémi FRAISSE, j’appelle les « consciences » discoureuses, celles qui côtoient les oligarques et leurs commis, à faire du concret, à quitter les postures vertueuses, à assumer le risque de déplaire et à solliciter la mise en réserve naturelle botanique de SIVENS.


Gérard CHAROLLOIS


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