Lettre adressée au Président de la République par Gérard Charollois président de la CVN.


Monsieur le Président,

Même si nous sommes conscients du consensus minimum que vous devez établir en tant que chef de la Nation, nous ne pouvons que protester contre le style « langue de plomb » avec lequel vous vous adressez à la Fédération Nationale des Chasseurs dans votre courrier du 8 octobre 2012.
Cette déplorable série de génuflexions des politiques devant la minorité rétrograde que constitue les chasseurs, doit cesser.
Considérer l’animal comme du gibier et la nature comme un stand de tir heurte désormais l’immense majorité de nos concitoyens.
Alors que nous déplorons toutes les semaines des accidents de chasse mortels, et que nous constatons des pratiques de plus en plus barbares et des attitudes de plus en plus véhémentes à l’égard des vrais défenseurs de la nature, comment pouvez-vous écrire que les chasseurs « concourent à l’équilibre des territoires » et participent à « la connaissance de la faune sauvage » ?
Comment pouvez-vous cautionner cette confiscation permanente de l’autorité et de la compétence des services de l’État ?
La chasse, loisir qui consiste uniquement à donner la mort, est récusable pour des considérations morales et écologiques :
•    Moralement, l’animal est désormais perçu comme un être sensible et souffrant qui mérite à ce titre notre respect et notre bienveillance.
•    Écologiquement, la biodiversité se meurt et l’élevage de cheptels artificiels en milieu ouverts, à seule fin de satisfaire les pulsions morbides des chasseurs, aggrave ce déséquilibre.
Ainsi, loin d’être une solution à la prolifération des sangliers, la chasse, par les pratiques qu’elle met en œuvre aujourd’hui, l’accentue.
Politiquement organisées depuis le 28 juin 1941 par une ordonnance du maréchal PÉTAIN, les sociétés départementales des chasseurs, puissant lobby alimenté par de l’argent para-public, imposent désormais au pays des choix désastreux.
Les populations rurales souffrent de l’emprise des chasseurs qui n’entendent rien concéder, qui confisquent les territoires pour y perpétrer leurs massacres, qui refusent les limitations dans le temps de l’ouverture des tirs, qui inscrivent les différentes espèces soit sur la liste des « gibiers », soit sur celle des prétendus « nuisibles »…
C’est ainsi que votre lettre, bien qu’animée d’une volonté de concertation et de conciliation, demeure consternante pour tous les amis des animaux, les écologistes, les habitants des campagnes, les promeneurs et amoureux de la nature trop souvent victimes des nuisances de la chasse.
Elle discrédite la parole publique par les concessions implicites qu’elle sous-entend.
Vous envisagez de rencontrer le président des chasseurs qui représente moins de 2% de la population…
Rencontrerez-vous, monsieur le Président, les représentants des opposants à la chasse qui selon toutes les enquêtes d’opinion, rassemblent l’immense majorité des citoyens ?
Je vous rappelle qu’un sondage TNS SOFRES du 8 février 2011, indique que 87 % des Français souhaitent que « l’animal sauvage soit protégé par la loi des actes de mauvais traitements et de cruauté ».
En ignorant cette aspiration majoritaire, vous commettez une faute morale contre l’intérêt de la nature et une erreur politique.
Les Français n’aiment pas la chasse en général, et les Français de gauche la condamnent tout particulièrement.

Nous vous adressons, Monsieur de Président, nos salutations citoyennes.

Gérard  CHAROLLOIS

Président de la CONVENTION VIE ET NATURE - 16 Novembre 2012.


 


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